Expédition Février 2002

Contrairement à ce que pourrait laisser croire une certaine presse, bien mal informée au demeurant, le Rotary n’est pas une association de « joyeux noceurs » qui ne pensent qu’à boire, manger, ou s’amuser en racontant des grivoiseries… Il existe encore, Dieu merci, des valeurs qui réunissent la toute grosse majorité des rotariens, pour qui servir veut dire s’engager à fond au service des autres. C’est en tout cas la philosophie du Rc Wezembeek-Kraainem.

Remise du PHF au premier ministre malien

Depuis 1998, nous sommes engagés dans des actions d’aide et de soutien aux populations démunies d’Afrique de l’Ouest et nous nous sommes rendus deux fois en opération humanitaire au Mali.

En février 2002, un des véhicules destinés au Rc Bamako-Koulouba avait été endommagé pendant le trajet (radiateur et ventilateur cassés, réservoir hors d’usage…). Les autres véhicules n’étaient arrivés quasi intacts que grâce à la dextérité des conducteurs Jean-Luc Moureaux et Marc Dubbelman. Comme un cadeau n’en est pas un s’il est offert cassé, nous avons décidé de le réparer. Philippe Vandevoorde et moi-même sommes donc partis pour Bamako avec 5 kilos de vêtements et… 100 kilos de pièces de rechange pour le minibus! Sur place, nous avons trouvé un garagiste qui nous a refait, en une demi-journée, un véhicule comme neuf.

La remise officielle du véhicule se fit « à l’africaine », sous un manguier, et en présence de tout ce que la commune comptait de notables. Il y avait même un ministre et le directeur général de la police du Mali ! Nous sommes restés quelques jours à Bamako, auprès de nos amis rotariens, ce qui nous a permis de préparer ensemble de nouveaux projets, dont celui d’une école à Samanko, dans la grande banlieue de Bamako.

En décembre 2002, après avoir réuni les fonds nécessaires à la construction de l’école, nous sommes repartis en famille vers l’Afrique : Jean-Luc Moureaux, Philippe Vandevoorde et moi-même, avec femmes et enfants, soit un groupe de 16 personnes.

L’objectif était aussi de montrer à nos familles ce que nous faisions en Afrique. Elles ont ainsi pu se rendre compte de visu de la finalité des efforts consentis au pays : réunions, conférences, récolte de fonds, etc.

Après un voyage sans histoire, nous avons posé les pieds sur le sol africain, à Ouagadougou (Burkina Faso). Quatre véhicules 4×4 fournis par un ami rotarien de Bamako nous y attendaient, avec chauffeurs. Bien pratique pour visiter le village (perdu en pleine brousse) où nous avons d’autres projets humanitaires : école, dispensaire et puits. L’accueil de la population a été extraordinaire. Tout au long de la journée, ce furent danses, chants, discours, cérémonies de bienvenue et discussions, avec l’étude de la réalisation de nos futurs projets.

Nous sommes également allés à Koudougou, où nous avons visité les fameux « microbarrages ». Couplés au reboisement, ils sont la seule alternative actuelle à la désertification. Nos enfants y ont appris comment on y cultive le riz, les tomates, les patates douces et le mil.

L’étape suivante (au quatrième jour) fut assurément la plus pénible pour tous. Elle nous conduisait d’une traite jusqu’à Bamako, via Sikasso, avec un passage de frontière (ce qui en Afrique n’est jamais une mince affaire), sans parler de la proximité avec la Côte d’Ivoire en guerre. Les routes étaient de surcroît très mauvaises, encombrées de convois de réfugiés remontant d’Abidjan par le Ghana. Notre arrivée à Bamako, très tard le soir malgré notre départ quasi à l’aube, fut un réel soulagement. L’hôtel, propriété d’un rotarien, était splendide. Pour nos familles, habituées à un certain confort, il fut le bienvenu, mais pour nous trois, le vrai plaisir fut de retrouver, dès notre arrivée, tous nos amis maliens.

Le cinquième jour fut entièrement consacré à nos activités rotariennes, pendant que nos épouses faisaient les marchés et que nos enfants profitaient allègrement de la piscine. Le matin, nous nous sommes rendus à Sebenicoro, afin de rencontrer les habitants et les autorités de la commune, et par la même occasion voir ce qu’était devenu le minibus apporté en février. Ce fut ensuite Samanko, où tout le village s’était réuni pour la cérémonie de pose de la première pierre de l’école. Moment très émouvant. Mais l’évènement majeur de la journée eut lieu l’après-midi, lorsque nous avons rencontré le premier ministre malien. Nous le connaissions bien au temps où il était ambassadeur du Mali à Bruxelles, nous avions même noué des liens d’amitié assez étroits. Après un entretien très chaleureux, nous avons eu le plaisir de le décorer du PHF en remerciement pour les services qu’il nous avait rendus lors de la préparation de nos opérations. Le soir eut lieu le grand banquet en notre honneur, chaleureux, amical, en présence de 200 personnes, avec discours à n’en plus finir, remise de décorations, félicitations… De sorte que le soir, nous retrouvions notre lit pour notre dernière nuit ‘de luxe’ avec un immense plaisir.

Le lendemain, nous avons pris la route pour une étape de plus de 600 kilomètres qui devait nous conduire à Djenné. Nous avons traversé le fleuve Niger, pour sortir de la ville, par son ancien passage qui ne peut se franchir qu’en saison sèche, ce qui nous fit gagner au moins une heure sur notre horaire. Arrivés à Djenné, un problème nous attendait : il n’y a qu’un seul hôtel-camping potable dans cette petite ville, et nos réservations, faites plusieurs mois d’avance, n’y avaient pas été enregistrées. Comme nous étions au beau milieu de la saison touristique, il nous fallut loger sur le toit, à la belle étoile… et à la grande joie des enfants. Djenné est une petite ville, au milieu de l’eau, entre le Niger et le Bani, dans une zone très marécageuse. N’ayant jamais été conquise par un envahisseur, elle est restée très naturelle et pittoresque, avec des maisons en terre battue, et surtout sa fameuse mosquée, sœur aînée de celle de Tombouctou, la plus grande mosquée au monde construite en terre battue, et classée patrimoine architectural mondial par l’Unesco.

Le septième jour, le trajet de Djenné à Sangha, en pays Dogon, fut très rapide. La modernisation avance à grand pas et la route pour arriver à Bandiagara, au pied des falaises, est macadamisée depuis deux ans. Retrouver Sangha, son hôtel-camping, et le propriétaire de celui-ci, frère du président du Rc Bamako-Koulouba, fut un vrai plaisir. Le pays Dogon (également classé « patrimoine architectural « ) et les superbes falaises furent visités par toute l’équipe enthousiaste et émerveillée.

Enfin, ce fut Gossi, point final de notre périple, à 1 200 kilomètres à l’est de Bamako. Gossi, son hôpital, et la courageuse Sœur Anne-Marie Salomon, à qui nous apportions 200 kilos de médicaments. Nous étions le 31 décembre en début de soirée. Le réveillon fut simple, avec les moyens du bord : quelques boîtes de conserves, quelques rations alimentaires, et une bouteille de champagne (tiède !) que nous avions emmenées avec nous. À 22 heures, tout le monde était fatigué et est parti dormir, sauf Sœur Anne-Marie qui a commencé ses consultations de soirée. Eh oui, pour elle, le 31 décembre est un jour comme un autre…

Les deux jours passés à Gossi se résumèrent pour nos familles à des visites (hôpital, dispensaire, la ville, les maraîchages, le désert…). Et puis ce furent les adieux et le départ, la route vers Gao, la traversée du fleuve Niger sur un bac, la dernière nuit à Gao chez les Pères Blancs, et l’avion, aux petites heures du matin pour notre retour au pays. Missions accomplies, et plein de souvenirs et de projets pour les années à venir.Nous nous tenons à la disposition de tous les clubs pour une conférence (en français ou en néerlandais) sur le Mali, le Burkina, le pays Dogon ou Djenné, avec films vidéo et photos, ou sur nos opérations humanitaires réalisées là-bas.

Voir les photos de l’expédition ici